Population et histoire politique au XXe siècle
Le séminaire étudiera cette année la nécessité de poser la migration comme un objet planétaire, affranchi des typologies a priori (migrations intérieures, internationales, coloniales), dépassant les saisies partielles de tel ou tel flux de mobilité, et articulant des dimensions (économiques, sanitaires, raciales, politiques), souvent séparées dans l’analyse.
Le terrain d’étude sera, sous l’entre-deux-guerres, les tentatives de régulation des migrations mises en œuvre par le Bureau International du Travail. Elles engagent en effet des acteurs souvent négligés (les organismes internationaux, les associations, les Églises, les entreprises), et postulent la centralité du phénomène migratoire : pour les réformateurs sociaux, l’existence des migrations de masse est le moyen de pousser à la diffusion mondiale de l’État-Providence, en s’appuyant sur l’argument, libéral, de la mise à niveau des conditions de concurrence économique. .
La dimension politique sera essentielle : conditions de survie d’une institution « faible », effet des dynamiques diplomatiques sur l’architecture mondiale de la mobilité, mais aussi conflits géopolitiques menant à la guerre. On étudiera comment l’objectif d’un meilleur partage des matières premières et de la main-d'œuvre au nom d’un intérêt supérieur de l’humanité, a été récupéré par les nations dépourvues d’empires coloniaux pour justifier les coups de force territoriaux (Mandchourie, Ethiopie) : une façon de rappeler la plasticité des idéaux et des institutions, dont seule une approche historique peut évaluer les usages dans des contextes donnés. .
Pour donner au séminaire une portée à la fois empirique et méthodologique, chaque séance sera accompagnée d’une lecture obligatoire, texte d’époque ou travail d’historien.